L’alimentation BARF respecte la nature carnivore de nos compagnons. Mais qu’est-ce qu’un carnivore exactement?
La question du régime alimentaire de nos amis à quatre pattes subsiste toujours… Alors, carnivores ou omnivores ? Le chat et le furet restent des carnivores stricts (ce qui n’empêche pourtant pas les industriels de ne pas respecter cette nature carnivore quand on observe la composition des croquettes pour chat…) mais pour le chien, carnivore à tendance omnivore, il persiste certains mythes, sortes de légendes urbaines largement exploitées par l’industrie agroalimentaire.
Cependant, en cherchant un peu, il est clair que le chien, bien que domestiqué, reste un carnivore, un vrai. La figure ci-contre est extraite d’un cours de physiologie de l’École Nationale Vétérinaire de Toulouse, on y voit bien le chien et le chat classés dans les carnivores et non dans les omnivores comme certains industriels « experts » en nutrition animale voudraient nous le faire croire…
Alors démontrons à nouveau la nature carnivore de nos compagnons :
Mâchoire et dentition
Un simple coup d’œil dans la gueule de nos amis à quatre pattes suffit à comprendre que ce sont des carnivores.
En effet, le chien possède quatre sortes de dents, destinées à découper et à broyer la chair crue dont ils se nourrissent :
- Les incisives sont petites et au nombre de six à chaque mâchoire.
- Les canines sont extrêmement fortes, coniques et constituent les crocs : elles glissent de chaque côté l’une contre l’autre et servent à diviser la chair en lanières.
- Les prémolaires, en nombre variable, possèdent une couronne très comprimée latéralement et pourvue de crêtes tranchantes capables de découper la chair.
- Les grosses molaires possèdent une couronne plus large et parsemée de pointes ou tubercules destinées au broyage des os. La mâchoire inférieure des carnivores, contrairement aux omnivores ne peut pas bouger latéralement. En revanche, elle est conçue pour une large ouverture afin de pouvoir arracher et avaler de gros morceaux de viande.
« Les chiens et chats saisissent avec leurs pattes les proies et en arrache des morceaux. […] Chez les carnivores, la mastication est sommaire et elle a souvent pour rôle d’écraser les os »
Extrait de : Chapitre 4 Physiologie digestive « L’étape buccale de la digestion » Pr Pierre Louis TOUTAIN – ENV Toulouse 2010
Tout, chez le chien nous montre qu’il est fait pour cela ! La mâchoire inférieure des carnivores ne se déplace que de bas en haut pour inciser : les condyles du maxillaire inférieur sont en effet des cylindres, dirigés transversalement et encastrés dans une gouttière également transversale, ce qui fait que la mâchoire inférieure ne peut que s’abaisser et se relever, déterminant des mouvements comparables à ceux d’une paire de ciseaux et bien faits pour permettre aux prémolaires de sectionner la chair en fragments...
Le tube digestif
Contrairement aux omnivores, le carnivore possède un tube digestif plus court (2 à 5 m), avec un côlon relativement réduit. Les omnivores et les herbivores possèdent, eux, un système digestif plus long (10 à 15 m), la digestion est plus lente et repose essentiellement sur des micro-organismes et non sur des enzymes comme c’est le cas des carnivores.
Même Royal Canin est pourtant conscient de la différence entre la nature omnivore de l’Homme et la nature carnivore de nos chiens !
Le chien est donc un chien, n’en déplaise à certains. Il se doit d’être apprécié, traité, et respecté comme tel. La science et la connaissance ne viennent d’ailleurs qu’appuyer ces faits, si l’on se réfère aux exemples évoqués. La digestion est un exemple typique de réaction et de mécanismes propres à chaque espèce, dont l’amalgame pourrait se révéler dangereux pour le chien, tant sont flagrantes les différences et antagonistes les comportements. Ainsi, de manière globale, l’appareil digestif de l’Homme représente 10 % de son poids corporel contre seulement 2,7 à 7 % pour le chien (en fonction de sa taille )! On comprend mieux déjà qu’il soit plus facile pour l’homme de digérer des éléments plus variés !
Extrait de l’encyclopédie du Berger Allemand Préface « Le vrai respect du Chien » – Éditions Aniwa 2003
Chez le chien, il n’y a pas de mastication à proprement parler, il avale rapidement les aliments, car, contrairement à l’homme, le travail de digestion ne commence pas avec la salive mais dans l’estomac directement. L’anatomie le démontre une fois de plus : l’estomac représente près de 67% du poids total de l’appareil digestif dans l’espèce canine contre à peine 10% chez l’Homme.
Le microbiote intestinal
La digestion des carnivores repose sur des enzymes et non sur des microorganismes comme les herbivores par exemple. En effet, le microbiote (appelé autrefois flore digestive) des carnivores est relativement pauvre : pour comparaison l’Homme dispose d’une flore intestinale 1000 fois plus dense que celle du chien! La flore intestinale du chien ne contient à peine 10 000 bactéries/gramme. C’est là encore la preuve de la nature carnivore du chien, l’estomac effectue la majeure partie du travail de digestion, et les intestins n’ont donc pas besoin d’une flore plus riche. Les carnivores possèdent donc un système digestif très court, pauvre en micro-organismes, car les aliments transitent rapidement dans celui-ci.
De plus, la nature acide des sucs digestifs vient encore appuyer leur nature carnivore. En effet, le pH stomacal des carnivores est inférieur à 1 ! Cette acidité gastrique est lié à la sécrétion d’acide chlorhydrique six fois plus importante que chez l’Homme qui donne son rôle protecteur à cet organe : il constitue une véritable barrière très efficace contre les infections.
Les enzymes
Le processus de digestion implique différentes enzymes digestives, qui vont assurer la décomposition des nutriments en vue de leur exploitation par l’organisme. Parmi ces enzymes digestives, on trouve les protéases (dégradation des protéines ou protides), les lipases (dégradation des graisses ou lipides), les amylases (dégradation des hydrates de carbone ou glucides) et les cellulases (dégradation de la cellulose).
Contrairement à l’homme, la salive du chien contient du mucus mais est dépourvue d’amylase (enzyme participant à la dégradation des hydrates de carbones en énergie métabolisable) et de cellulase (enzyme participant à la dégradation des particules de cellulose contenues dans les végétaux crus).
En effet, étant donné que le chien ne possède pas d’amylase salivaire, la digestion des végétaux n’est pas amorcée par la salive lors de la mastication (c’est d’ailleurs là aussi, l’une des raisons pour lesquelles les carnivores ne mâchent pas, ils arrachent et avalent rapidement). Le travail de digestion commence donc lorsque les aliments arrivent dans l’estomac contrairement aux omnivores où ce travail commence dès la mastication.
Ainsi, cette absence d’amylase salivaire chez le chien est compensée par la production au niveau pancréatique de cette enzyme en cas d’ingestion de céréales et/ou féculents. Autrement dit, plus le chien consomme de glucides complexes (appelés polysaccharides ou historiquement hydrates de carbones) plus son pancréas est sollicité… D’où les nombreuses insuffisances pancréatiques observés de plus en plus tôt chez le chien. De plus, il ne suffit pas de produire cette enzyme de dégradation ! Encore faut-il que l’organisme soit capable de l’assimiler, or, en étudiant la physiologie digestive d’un carnivore, on se rend compte que le système digestif est trop court, la digestion trop rapide, pour pouvoir utiliser efficacement ces glucides complexes.